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Entre communication et design graphique
5 janvier 2010

Enjambes Charles

sl02_1083295_1_20080120_px_501__w_ouestfrance_Enjambes Charles est un spectacle de quatre-vingt minutes aux frontières du théâtre, du music-hall, des arts plastiques et du cabaret. Il a été créé en 2007 à Montluçon par Sophie PEREZ, metteur en scène et scénographe, fondatrice de la compagnie du Zerep, et Xavier BOUSSIRON, plasticien et musicien qui a conçu, avec elle, cinq spectacles joyeux et extravagants.

En entrant dans l’auditorium, le public se trouve face à un décor non identifiable : une sorte de champ de pierre d’or habille le plateau, on se croit dans un rêve… Le spectacle commence ; deux personnages entrent en scène, un homme et une femme. L’homme se dirige vers un tour de potier, la femme danse puis s’assoit sur une pierre ; Et là, le spectateur a l’impression de se trouver au comptoir d’un bar avec des habitués distillant des blagues de potaches et des rires expressifs : “Tu te souviens quand on était jeune et qu’on voulait ressembler à Brigitte Bardot? Ben maintenant, ça y est !”, “Tu sais comment il est mort Pinocchio? Il a pris feu en se branlant…”... S’en suivent des vacheries sur les artistes les plus divers, Olivier PY, José DAYAN, Marlon BRANDO... Le public est alors emporté dans un univers débridé où il ne s’explique pas tout. Les acteurs se laissent aller à toutes sortes de débordements absurdes et hilarants, nous mettant, par exemple, en face d’une marionnette de Charles AZNAVOUR. Un artiste se met à parler de l’une de ses toiles, celle-ci représentant le buste d’une femme, le regard étiré vers l’extérieur du tableau, avec un fond jaune. Il nous expose ses intentions comme un “bla-bla”, expliquant que la peinture se lit dans les différents sens. D’un côté, la femme fuit la moutarde, dans l’autre, elle nage dans la moutarde; dans le suivant, elle plonge dans cette moutarde et dans le dernier elle fait du dos crawlé sur la moutarde, un texte absurde représentatif des interprétations de certains artistes sur leurs œuvres. Dans une autre scène, trois acteurs se mettent dans la peau d’élus municipaux pour improviser l’inauguration ringarde d’une salle de spectacle ; ceux-ci récitent alors un discours politiquement incorrect, se renvoyant la parole ; ils ne savent alors plus que dire et inventent une chanson grinçante et sans intérêt. Ils finissent par se déguiser, chacun dans une couleur afin de reformer les couleurs du drapeau français, critique avisée du système politique mêlée au système culturel. Enfin, Sophie PEREZ et Xavier BOUSSIRON nous donnent une vision révolutionnaire de la notion de modèle : l’artiste impose des poses invraisemblables au modèle avec des déguisements, la préparation de la pose est longue et fastidieuse tandis que le dessin est réalisé en un temps record. A la fin du spectacle, le spectateur a une impression de magma, les événements semblent restitués en vrac alors que tout est très travaillé, de la scénographie à la mise en scène et au jeu. Cela ressemble à tous ces moments passés entre amis où l’on rigole comme des tordus sur des bêtises, sauf que dans ce spectacle, ces clichés sont mis en scène. 


Enjambes Charles est une forme contemporaine pour une vision révolutionnaire de la notion du modèle, en souvenir à Charles AZNAVOUR, de la pratique de la poterie à Vallauris et du jugement de Louise BOURGEOIS.

Sophie PEREZ et Xavier BOUSSIRON explique: “On reste trop souvent évasif quant aux termes qui permettraient de cerner les lois de l’inspiration spontanée. Et il y a de quoi! “Formidaaaable...” Même en voiture on peut lever un toast aux affres de la sensibilité en trinquant avec des verres remplis à ras-bord du calice de la honte. Le grand maître de cette messe noire ne porte pas de toge ni de chasuble brodée. C’est en complet-veston ajusté qu’il psalmodie son obsession de la mélopée mortelle et de la passion agacée. On est sous le coup d’AZNAVOUR. A ce moment précis un dérivé de séance de Burn out démarre pour Stéphane ROGER et Sophie PEREZ. Ils sont possédés: Prognathes, les mâchoires serrées entrent en trance et leurs lèvres tiraillées entre la méchanceté et les bons sentiments ne laissent plus passer que les hurlements de gorges: “Sheeeeeee...” Sur le mode de l’imitation de bordure, ils empoignent la vraisemblance pour lancer un défi à la vénération, à la beauté, à la panique, à la colère, au malaise et à la nuance. L’Assurance d’AZNAVOUR devient un air qui les saoule: une émotion qui fait ressortir le côté dégueulasse des choses. “Je m’voyais déjà!” à fond la caisse. “Quiiiiiiiii!...” à fond la caisse. “Dans le petit bois de trousse chemise!” à fond la caisse. “Mes emmerdes!” à fond la caisse. PEREZ lâche le volant alors que ROGER est à genoux sur la banquette. Ils s’acharnent à tenter un suicide collectif par le rire. Après avoir remonté tous les grands boulevards, même l’accalmie qui réussit, bon an mal an, à s’installer reste monstrueuse. La dysfonction des origines laisse songeur. Et Stéphane ROGER concède:  

“ Quand j’écoute AZNAVOUR, j’ai l’impression d’être vieux...

- Ben moi c’est quand je regarde une poterie...”

Plus personne ne parle ouvertement de poterie, “et pourtant, et pourtant” comme dirait Charles. L’art de la poterie apparaît pour ceux qui l’auraient oublié comme un art majeur qui fût trop longtemps cantonné au rang des arts utilitaires. De véritables objets de transmission: vasques, jarres, vases, bols, signés et datés estampillés ou décorés, ça raconte dans l’histoire. Des cruches grecques au ramequin Cyclope de Cocteau en passant par les porcelaines de la Pompadour, il semble que nous entrons dans un monde où l’archaïsme et l’authentique, la création et l’imitation se révèlent d’une manière indiscernable.

Quand on pense que plus le trou est profond plus la matière monte, on peu alors envisager cette discipline comme un terrain d’expérimentation métaphysique et trivial. Nous voilà donc dans un univers où cohabitent le meilleur et le pire, où les jugements de valeur et les logiques qu’ils impliquent, coexistent dans une rivalité insurmontable. L’authentique et le dérisoire se mêlent à tout et les codes enchevêtrés conduisent à s’interroger sur la réalité de cet imaginaire collectif qui charrie l’or et la boue.

Alors que le meilleur gagne! Arbitre désigné pour la partie : Louise BOURGEOIS. La vieille, l’acharnée, l’incontournable sculpteur. Depuis la mort de son mari, Louise Bourgeois reçoit chaque dimanche dans la pièce la plus sale de son hôtel particulier de Chelsea en plein cœur de New York. Une quinzaine d’artistes inconnus et volontaires viennent des quatre coins du monde lui rendre visite. Assis en rang d’oignon ils montrent tour à tour leurs productions, attendant l’avis fatidique de la “patronne”. Cette dernière, accroché à son déambulateur, n’épargne personne. Il paraît même que certains artistes sont rentrés chez eux en pleurant, leur toile abstraite pliée en dix au fond d’un sac à dos. Qu’en sera-t-il de son jugement absolu face aux poteries que nous réalisons à Vallauris, ou devant la poupée ventriloque à l’effigie de Charles AZNAVOUR? Le rendez-vous est pris!”

Effectivement le 22 septembre 2006, l’équipe de Sophie PEREZ fait partie des artistes du dimanche entassés autour de Louise Bourgeois comme si c’était un bon feu. Au milieu des croûtes pas sèches, des plateaux d’éclairs au chocolat, de l’incertitude des uns, des rasades de cognac, de l’incapacité des autres, la compagnie Zerep remporte la timbale: “Je mets 9 aux Charlaznavours... C’est la meilleure note...”

Le spectacle Enjambes Charles nous prend à témoin d’un jeu où les références, loin d’être traitées avec la référence habituellement de mise, sont au contraire soumise à un traitement d’une insolence réjouissante, où les registres se télescopent de manière aussi délibérément foutrasque qu’hilarante.


On assiste à un retournement de situation, spectacle joué dans une école d’art qui déconstruit les codes véhiculés par les institutions et met à mal le statut d’artiste comme pour refouler les cultures savantes. J’ai particulièrement était marqué par ce spectacle que mon travail personnel tourne autour de la valorisation de la culture par des moyens non conventionnels. Je recherche à mettre en situation un artiste et une œuvre avec un moyen populaire, par exemple j’ai réaliser des numéros d’art à partir des œuvres de l’artiste Jeff Koons. Je trouve que les références du spectacle sont particulièrement mises en valeur qu’ils touchent à différents partis de la culture en passant par une culture populaire à la Charles AZNAVOUR en opposition à une culture plus pointu avec Louise BOURGEOIS. De plus il y a 3 références fortes mais plein d’autres allusions sont incluses au spectacle. J’ai eu cette impression de me retrouver en face de ce que j’aurais adorer réaliser par moi même donc au lieu d’aller directement me suicider je vais tenter de réaliser mon propre travail et ceci serait une référence.

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